Rallye National du Pays de Saint-Yrieix 2011
Jean-Sébastien VIGION sur un nuage
Epreuve de renom dans l'ensemble du Grand Sud-Ouest, le Rallye National du Pays de Saint-Yrieix soufflait cette année ses dix bougies. Le comité d'organisation, sous la coupelle de Denis Fabrègue, a, comme à l'accoutumée, inscrit cette épreuve comptant pour la Coupe de France des Rallyes Coefficient 5, à la veille de la clôture de la période qualificative pour la grande fête du Rallye amateur, se déroulant dans un mois à Autun. L'occasion pour de nombreux équipages venus des quatre coins de l'Hexagone de marquer les ultimes (et précieux) points afin d'empocher, dans une semaine à l'issue des dernières épreuves restantes, le précieux sésame leur permettant de prendre part aux réjouissances en terres morvanaises. Parmi eux, se mêlaient à la lutte les équipages locaux, venus en pays Arédien avec la ferme intention de s'immiscer dans le haut des tablettes ; ou tout simplement prendre du plaisir sur les belles et sélectives spéciales, concoctées par les membres de l'ASA Saint-Martial, dans le cadre de ce dixième anniversaire placé sous le signe de l'innovation. En effet, outre les habituels secteurs chronométrés du « Chalard - Saint Yrieix » (12.040 kms), Coussac-Bonneval (18.830 kms) et Payzac-Pont Laveyrat (10.880 kms), un nouveaux tracé, « Saint-Yrieix », long de 12.040 kms, venait pimenter les débats.
Côté participants, le parc fermé de cette dixième édition, basé Place de la Nation à Saint-Yrieix, avait fière allure. S'il connaissait une baisse au niveau quantitatif, avec 72 équipages ayant satisfaits aux vérifications administratives et techniques, en revanche, sur le plan qualitatif, les forces en présence se révélaient nombreuses. Parmi eux, le favori, Antony Mora, quadruple vainqueur de l'épreuve aux commandes de sa redoutable BMW 318 TI Compact issue des ateliers du « sorcier » villeneuvois Hugues Delage. La surprise venait par ailleurs de la présence du magistral Jean-Sébastien Vigion. Initialement engagée aux mains de son propriétaire, l'Abarth Punto S2000 de Pascal Lescloupé, se voyait confiait au vainqueur de la Finale de la Coupe de France des Rallyes 2008 ; en faisant, au volant d'une telle arme, un candidat potentiel à la victoire. Mais le représentant du Team MSR by GBI.com, Jean-Charles Beaubelique (Peugeot 207 S2000), n'était pas présent dans le but d'enfiler des perles, de surcroît sur ses terres. Il en était de même pour Guy Mottard (Peugeot 306 Maxi) FA7K, à la chasse aux points, ainsi que pour Jean Brasseur, qui pour l'occasion, réalisait un grand rêve en louant la Peugeot 306 Maxi du Team MSR.
A l'entame de la première étape, disputée le samedi sous une chaleur estivale, le premier coup de théâtre de l'épreuve survient. Antony Mora, dépité, rend son carnet de bord au point stop du premier secteur chronométré, en proie à des ennuis mécaniques. Une voie royale s'ouvre alors aux yeux de ses adversaires, dont Jean-Charles Beaubelique, qui annonce la couleur. Jean-Sébastien Vigion, sur la réserve avec une auto qu'il découvre, se classe en dauphin à 0s5, devant un surprenant Patrice Robert, en progression exponentielle aux commandes de la rugissante BMW 318 Compact ex-Lassellin, qui n'a désormais pratiquement plus de secrets pour lui. En embuscade, Guy Mottard se hisse au 4e rang provisoire, tandis que Mickaël Terrière place sa vaillante Citroën C2 S1600 (A6K) dans le Top 5.
Mais Vigion frappe fort dans la spéciale suivante en collant près de 6 secondes à Beaubelique, ce qui le propulse en tête du classement général provisoire. Robert demeure solidement installé sur la dernière marche du podium. La deuxième boucle ne viendra que confirmer l'ordre établi, avec un trio de tête qui reste indétrônable. En revanche, pour le gain de la quatrième place, Mottard voit surgir dans ses rétroviseurs l'impressionnant Jean Brasseur, dont l'apprentissage de la 306 Maxi se fait à vitesse « grand V ». Au terme d'une échauffourée monumentale, les deux Lionnes bouclent cette première étape séparées par seulement 2s. L'étape dominicale s'annonce de ce fait corsée. En outre, parmi les malchanceux de ces cinq premiers chronos, on note Mickaël Lobry (Mitsubishi Lancer Evo 8), ayant rejoint la liste des abandons rapidement, Laurent Fauconnier (Renault Clio Ragnotti) N3, Mickaël Terrière, Jérôme Lamargot (Citroën Saxo VTS) F213, tous sur ennuis mécaniques. Se rajoute également le Normand Olivier Bau (Renault Clio 16S) F214, qui, avant son retrait en raison d'une boite de vitesses récalcitrante, se signalait par des performances de premier ordre, dont un 6e temps dans l'ES 2.
Le lendemain, au petit matin, Jean-Charles Beaubelique est le mieux réveillé dans la longue ES de Coussac-Bonneval, et du coup, reprend 3s6 au leader Jean-Sébastien Vigion. Patrice Robert accuse le coup, avec 30s5 de déficit par rapport aux deux S2000 de tête. Quant à Mottard, il conserve un maigre pécule pour le compte de la quatrième position, face à Jean Brasseur de plus en plus performant.
Mais l'ES 7 de Payzac-Pont Laveyrat va, elle aussi, s'affirmer comme l'un des tournants du Rallye. Jean-Charles Beaubelique, parti sur un rythme élevé afin de déloger son rival du trône, part en glisse dans un changement de direction et perd le contrôle de sa 207 S2000, qui termine sa course dans un pylône électrique. Le Limougeaud peut repartir, mais les carottes sont d'ores et déjà cuites, et c'est la mort dans l'âme que ce dernier rend son carnet de bord au terme de cette épreuve chronométrée. Patrice Robert connaît lui aussi mauvaise fortune, la rotule de direction faisant défaut, et perd de ce fait, le bénéfice de sa place de dauphin dont il était l'héritier, suite au retrait de Beaubelique. Ceci en pointant en retard après avoir réparé l'élément défectueux.
Derrière le vétéran Jean-Pierre Landron (Mitsubishi Lancer Evo 7) N4, venu jouer les trouble-fêtes en s'octroyant le 2e temps de l'ES 7, Brasseur poursuit quant à lui sur un rythme endiablé, et vient contrecarrer les ambitions de Mottard. Il s'octroie par ailleurs la deuxième place provisoire, profitant des déboires de la Bavaroise de Robert.
Tandis que Vigion gère la victoire qu'il voit se profiler à l'horizon, Patrice Robert, piqué au vif, met les bouchés-doubles dans Payzac-Pont Laveyrat 2. Visiblement très à l'aise sur ce parcours piégeux, Jean-Pierre Landron en remet une couche par le biais d'un 3e temps, devant l'éclatant Pierre-Alexandre Monribot, auteur d'une véritable démonstration de force depuis l'entame du Rallye, aux commandes de la Clio Williams A7K lui allant comme un gant. Patrice Robert s'offre quant à lui un dernier baroud d'honneur dans l'ultime ES de Coussac-Bonneval, même si il ne se voit pas récompensé à sa juste valeur des efforts fournis depuis le début des hostilités. Il échoue au sein du Carré d'As, derrière les deux 306 Maxi de Brasseur et Mottard, qui terminent sur les deux dernières marches restantes du podium, dans cet ordre respectif. Monribot caracole au 5e rang final, au terme d'une course palpitante, où il a fait la nique à des autos bien plus affutées. Landron, dont le coup de volant reste intact, s'immisce à la sixième position finale, bien que Bertrand Guillon, au volant de la Renault Mégane RS Groupe N habituellement utilisée par Manu Guigou en Championnat de France, lui ait donné du fil à retordre. Ce dernier se classe 7e, tandis que pour le gain de la 8e place, on retrouve le jovial Thierry Boisdron et sa fidèle Renault Mégane F2000, qui n'a lui non plus, pas amusé la galerie ce week-end. 9e, l'Aveyronnais Yvan Delmas (Citroën C2 R2 Max) fait la différence pour le compte du Citroën Racing Trophy, tandis que Pierre Lerosier (Ford Escort Cosworth) FA8 referme le cercle très restreint des dix premiers au classement général.

Groupe A: VIGION a gardé la tête froide

Alors que ses adversaires à la conquête du Graal tombaient tous au combat un à un, Vigion, quant à lui, parvenait à déjouer les pièges de ces éprouvants 137.33 kms. C'est donc tout naturellement qu'il s'adjuge les lauriers en Groupe A. Quant à Jean et Nicolas Brasseur, ils ont réalisé de belles prouesses aux commandes de la 306 Maxi. Pour une première au volant de cette sublime auto, le pari est réussi puisqu'au gré d'une superbe attaque, ils arrachent la deuxième place finale. Après ce beau succès, il serait intéressant de voir l'expérience se renouveler ! L'Azuréen Guy Mottard s'est également bien défendu sur un terrain qu'il découvrait, mais n'a pu faire face au retour de Brasseur. Le premier cité rempli toutefois pleinement son objectif ; celui d'engranger des points supplémentaires en vue de la qualification à la Finale, qui approche à grands pas.
En A8, seuls deux prétendants se partageaient les faveurs du pronostic. Après avoir survolé les débats, Pierre Lerosier triomphe, tandis que Paul Gauthier, voyant la mécanique de sa belle Toyota Célica GT Four partir en fumée à quelques kilomètres de l'arrivée finale, a préféré rendre son carnet de bord.
En A7S, on assistait à une belle passe d'armes entre la 207 S2000 de Beaubelique, et la Fiat Punto de Vigion, à l'avantage du second cité. Un duel vite tronqué par la sortie de route sans gravité du pilote Peugeot. Pour le gain de la A7K, si Guy Mottard conservait l'avantage au terme de la première étape, Jean Brasseur cravachait ferme lors de l'étape dominicale, et, avec hargne et élégance, raflait la mise. Pierre-Alexandre Monribot se glisse quant à lui dans le tiercé gagnant. Quant à Emmanuel Lerouge (Renault Clio 3 RS), le Rallye fut de courte durée, la mécanique ayant fait des siennes à l'issue de l'ES 2.
Francis Delhoustal (Renault Clio Williams) assommait littéralement la concurrence composée de Jean-Pierre Boulestin (Renault Clio RS) en A7 lors de l'étape du Samedi, mais voyait ce dernier revenir dangereusement le lendemain. Après avoir fait le forcing, Boulestin échoue de peu, à 1s7 du leader.
Richard Duranton hypothéquait quant à lui toute chance de l'emporter en A6 dès l'ES 3 dans une sortie de route sans gravité. Benoit Viviet (Citroën Saxo VTS), en quête de points, n'en demandait pas tant, et repart de Saint-Yrieix avec la victoire en poche. La A6K tombe dans l'escarcelle de Sébastien Bourhis (Peugeot 206 XS), esseulé après l'abandon de l'intouchable C2 S1600 de Terrière.
La A5K a également fait l'objet de toutes les convoitises. Philippe Bouvier (Peugeot 106 Kit Car) laissait échapper de précieuses secondes le samedi, permettant à Stéphane Œillet (Peugeot 106 Kit Car) de rentrer en tête samedi soir. Mais c'était sans compter sur la hargne du Corso-Auvergnat qui assommait littéralement la concurrence le dimanche, repoussant les velléités de son adversaire. Jérôme Favre (Peugeot 106 XSI) a quant à lui laisser les duettistes s'expliquer entre eux, et se contente de la médaille de bronze.
Groupe N: Jean-Pierre LANDRON n'a pas tremblé

Aux commandes de sa Mitsubishi Lancer Evo 9, Jean-Pierre Landron a croisé le fer avec le local Bertrand Guillon pour le compte de la palme du Groupe N. Au final, Guillon le poussant dans ses derniers retranchements, le pilote du Comité Bretagne-Pays de Loire haussait le ton et imposait sa suprématie. Laurent Borderie (Renault Clio Ragnotti) s'est affranchi de l'adversité d'Eric Sauteur (Renault Clio Ragnotti) et décroche le podium de Groupe.
En N4, derrière les véloces Landron et Guillon, Didier Lixon (Mitsubishi Lancer Evo 9) marque son retour à la compétition par un podium de classe. A noter que cette classe s'est vue décimée par les abandons successifs de Mickaël Lobry, Fabien Labrousse et Didier Bernard, tous trois sur Mitsubishi Lancer Evo 8, trahis par des ennuis d'ordre mécanique.
Laurent Borderie a quant à lui tiré toute la quintessence de sa Clio Ragnotti pour le gain de la N3, malgré la pression constance exercée par le virevoltant Eric Sauteur. Thomas Gaume (Renault Clio Ragnotti) a été relégué au rang d'observateur.
En N2, Aymeric Ticot (Citroën Saxo VTS) récolte le fruit d'un parcours sans faute, ce qui n'a pas été le cas pour le Tarnais Jérôme Dupuy (Citroën Saxo VTS) qui, comme à l'accoutumée, dominait de la tête et des épaules, avant de subir les affres de la mécanique. La deuxième marche a été l'apanage de Geoffrey Labrousse (Peugeot 106 S16), tandis que Christophe Bouthier (Peugeot 106 S16), malgré une belle frayeur à la bosse du célèbre Pont Laveyrat, coiffe sur le fil Bruno Rougier (Peugeot 106 S16).
Dans la plus petite cylindrée du Groupe N, le bouillant Dimitri Audet, impressionnant de par son sens de l'attaque, confirme son énorme potentiel par un nouveau succès en N1, de surcroit à la 21e place finale, après avoir littéralement fait « voler » sa petite Citroën AX GTI. Christophe David (Citroën AX GTI) n'a pu que s'incliner les armes à la main. Romain Auvert (Peugeot 106 XSI) n'a quant à lui pas eu la joie de rallier l'arrivée finale.

Groupe F2000: Patrice ROBERT inflexible

Malgré des soucis au niveau de la rotule de direction, rien ni personne n'est venu entraver la marche en avant du Guérandais, qui s'est approprié de la place de leader en Groupe F2000 dès l'ES 1 pour ne plus la lâcher. Thierry Boisdron croisait le fer avec Olivier Bau, avant que ce dernier abdique, et s'octroie donc la médaille d'argent. 3e, Laurent Lecki (Peugeot 306 Maxi) a joué la carte de la prudence en laissant filer ses adversaires, afin de rallier l'arrivée finale et d'empocher des points supplémentaires. Anthony Ulbert (Renault Clio RS) a quant à lui connu des fortunes diverses : parti sur un rythme élevé, il se posait dans un fossé le samedi, perdant de précieuses minutes. Le lendemain, il entamait une remontée tonitruante, et terminait en boulet de canon à la 17e place finale.
En Classe F214, le podium se réfère au trio de tête du Groupe F2000. En F213, Jérôme Lamargot out dès la première ES, David Espalieu, ayant loué pour l'occasion la Citroën Saxo VTS de Paul Lamouret, avait la voie libre. Mais des problèmes de tringlerie de boite l'ont fait chuter au classement, ce dont a tiré profit Stéphanie Lage (Peugeot 205 GTI).
En F212, Didier Barrias (Peugeot 106 Maxi) a fait figure d'épouvantail. Laurent Demars (Peugeot 205 Rallye) et Jean-Emmanuel Alves (Peugeot 106 Rallye) suivent. Mathieu Compagnon a quant à lui renoncé, la mécanique de sa Peugeot 106 S16 s'étant enrayée.
Sans concurrence en F211, François Blanc (Peugeot 106 XR) termine bon dernier, mais savoure l'immense satisfaction de rejoindre le parc fermé final, pour son Rallye à domicile.
Groupe GT: François-Xavier BOISSOU poursuit sa moisson victorieuse

Après son succès en terres basques il y a quinze jours, François-Xavier Boissou (Nissan 350 Z) remettait le couvert à Saint-Yrieix, en coiffant la couronne de vainqueur du Groupe GT, non sans mal puisque la célèbre Nissan rouge montrait des signes de fatigue en fin de Rallye. Benoit Tabaud était parti le plus fort au départ, mais il devait, la mort dans l'âme, interrompre le bras de fer opéré avec la Japonaise rouge, la mécanique en ayant décidé autrement.

Groupe R: Yvan DELMAS, sur le fil…

Au terme d'une lutte fratricide au coude-à-coude avec l'autre Citroën C2 R2 Max de David Champeau, Yvan Delmas trouve le bon tempo et épingle la victoire, en Groupe R mais également en Classe R2B. Jérôme Joussely inaugurait sa nouvelle Renault Clio R3. Une séance d'essai grandeur nature qui s'est révélée payante puisqu'il hérite de la troisième place, après avoir tenu la dragée haute aux C2 R2 Max. Marc Mousseau (Renault Clio R3) lui emboite le pas.

Pour le compte de la Coupe des Dames, Stéphanie Lage (Peugeot 205 GTI), en l'absence de concurrence, l'emporte.
Sur les 72 partants, 48 ont rejoint le parc fermé final.

Prochain Rendez-Vous : la Course de Côte du Lauragais (31).

Texte et Photos : PQ47.