Rallye National du Saint-Emilion 2012

Antony MORA, imperturbable !
Pour ce 21ème cru du Rallye du Saint-Emilion, épreuve phare de la partie Ouest de l'Hexagone, 104 équipages ont fait le déplacement au cœur des vignobles en ce long week-end de l'Ascension. Une formule qui fait toujours recette pour l'une des épreuves les plus attendues du Comité : spéciales magnifiques, mêlant portions techniques et rapides, timing dynamique, accueil chaleureux, liaisons relativement courtes, une équipe organisatrice toujours prête à satisfaire au maximum les concurrents, et une ambiance conviviale sont les principaux atouts de ce week-end festif, à inscrire d'une croix blanche en début de saison sur le calendrier prévisionnel. Du côté du parcours, si les traditionnelles ES de Puisseguin (15.250 kms) et Montagne (8 kms), indissociables du succès octroyé au Rallye du Saint-Emilion, sont toujours d'actualité, sans oublier Lussac (8 kms) apparue en 2006 et Saint-Emilion, la dernière née de l'édition 2011 ; le format a en revanche été repensé. En effet, exit l'étape de nuit du samedi soir, au profit d'une ES supplémentaire lors du prologue du vendredi soir disputé en partie de nuit, en l'occurrence la spéciale de Montagne, qui vient pimenter le parcours après la mise en bouche que constitue l'ES de Saint-Emilion.
Au niveau sportif, outre l'aspect quantitatif du plateau, l'aspect qualitatif est, comme de coutume, de rigueur aux abords de la cave coopérative de Puisseguin, faisant office de parc fermé et de centre névralgique du Rallye. Si les fidèles sont bel et bien présents, on note la présence de nouveaux venus, renforçant ainsi le rang des prétendants au titre suprême.
Ayant a cœur de briller à domicile, puisqu'il ne vit qu'à quelques encablures des spéciales, le talentueux Frédéric Purrey inaugure cette 21e édition par un temps scratch dans la rapide, mais piégeuse ES 1 de Saint-Emilion. Cependant, les débats s'annonce virulents tout au long du week-end, son rival le plus menaçant, et multiple vainqueur de l'épreuve, Antony Mora (BMW 318 Compact, F214), ne figurant qu'à un dixième de la Ford Escort Cosworth orange à l'issue des 6.9 premiers kilomètres. Mickaël Terrière fait également parler la poudre en s'immisçant parmi le trio de tête provisoire aux commandes de sa Citroën C2 S1600, talonnée par la Peugeot 206 S16 F2000 du redoutable Lionel Jacob.
Dans l'ES suivante, les deux hommes de tête se tiennent dans un mouchoir de poche, mais pour 2 petits dixièmes, Mora parvient à décrocher un infime avantage, et rentre en tête au soir du prologue avec un dixième seulement d'excédent sur Purrey. Ayant maintenu la dragée haute sur Jacob, Terrière s'affirme en troisième homme.
Le lendemain, dans la mythique ES de Puisseguin, faisant, en quelque sorte, office de juge de paix du Rallye, la bagarre est à son comble ; Mora récolte seulement un dixième supplémentaire. Après une petite escapade dans les vignes, Purrey relâche un peu la pression dans l'ES 4 de Saint-Emilion, tandis que José Barbara (Subaru Impreza WRC), en proie à des ennuis de turbo le vendredi, entame une belle remontée en signant le scratch de cette même ES. Mais Purrey repart à l'offensive dans Lussac et s'empare du commandement du Rallye pour 3s3 face à la Bavaroise aux couleurs Hankook. Terrière parti à la faute, c'est Lionel Jacob qui hérite de la troisième marche du podium provisoire, en surveillant de près dans ses rétroviseurs ses poursuivants directs, à savoir Jean-Luc Roché (Peugeot 207 S2000) et Yannick Lacouture (BMW 318 Compact, F214), avant son abandon au départ de l'ES 6.
Mais la réplique de Mora se fait sans plus tarder dans l'ES 6 de Puisseguin, où il colle 8s6 à son dauphin. Malgré un Frédéric Purrey au sommet de son art et qui n'en démord pas, Mora accentue l'écart à 15s8 avant l'ES 10, qui marque un tournant, avec l'abandon de Purrey au point stop suite à des ennuis de boite à vitesses. Il ne reste donc à Mora plus qu'à dérouler en vue de gérer la victoire qu'il voit se profiler à l'horizon, ce qu'il effectue avec brio, inscrivant ainsi pour la troisième fois son nom au palmarès d'une épreuve qu'il affectionne.
En lice pour la place de dauphin après le retrait de Purrey, Lionel Jacob était en voie d'exercer une superbe prestation, avant que la mécanique le lâche à quelques kilomètres de l'arrivée finale. Au terme de cette succession de rebondissements, c'est Jean-Luc Roché (Peugeot 207 S2000), grand habitué de l'épreuve girondine, qui termine sur les talons de la BMW, tandis que Yohan Dupouy (Peugeot 306 S16, F2000) est récompensé de sa régularité et de sa dextérité par l'ultime marche du podium, inespérée au départ à la lecture de la liste des partants. Au sein du Carré d'As, José Barbara, a cravaché ferme le samedi pour remonter dans le classement, avec à son actif 4 scratchs. Lionel Espinasse a quant à lui confirmer sa bonne en prise en main de la Mitsubishi Lancer Evo 9 (N4) en s'immisçant au 5e rang final, face à la révélation Romain Martel (Renault Clio S1600, A6K), qui pour sa première venue à Saint-Emilion, a fait forte impression. Paul Gauthier (Toyota Célica GT Four, FA8) s'adjuge la 7e position. Il précède Romain Longé (Peugeot 206 S16, F213) et Jérôme Joussely (Renault Clio R3), respectivement 8e et 9e. Cédric Orillac a terminé en trombe pour décrocher une place au sein du top dix aux commandes de sa Citroën Saxo Kit Car.

Groupe A: Champagne Jean-Luc ROCHE

Grand habitué de l'épreuve, que ce soit au volant de la Mégane Maxi, de l'Impreza WRC, de la 206 WRC et maintenant de la 207 S2000, Jean-Luc Roché est enfin récompensé de ses efforts : «J'ai souvent finit 4e mais c'est la première fois que je monte sur le podium », a-t-il déclaré au podium d'arrivée. Et pourtant, la partie était mal engagée pour le Tourangeau, puisque jusqu'à l'ES 10, Frédéric Purrey imposait sa suprématie à l'ensemble de ses adversaires. Au volant de sa Subaru Impreza WRC, le toujours aussi jeune José Barbara rafle la deuxième place, après un Rallye éprouvant ponctué par des ennuis mécaniques. La médaille de bronze est l'apanage de Romain Martel.
Fait assez rare pour être souligné, deux WRC s'alignait à Saint-Emilion, avec les Subaru WRC de José Barbara, et celle du Savoyard Joël Arnaud, venu se mettre en main sa nouvelle arme. Si le premier parvient à rallier l'arrivée finale, le second a en revanche dû renoncer à mi-parcours, la mécanique faisant des siennes.
En A8, Frédéric Purrey dominait de la tête et des épaules, avant que sa boite donne des signes de fatigue et le lâche à l'arrivée de l'ES 10. Immense déception pour le sympathique équipage local, peu épargné par la mécanique capricieuse de l'Escort Cosworth. Laurent Fauguet (Mitsubishi Lancer Evo 9) faisait également parler la poudre, par le biais notamment d'un 3 e chrono dans l'ES 6 de Puisseguin, et, alors qu'un Top 5 était envisageable, la mécanique de la Japonaise venait à son tour s'enrayer. Même punition pour Dominique Laurent (Ford Escort Cosworth), qui, figurant jusqu'à présent dans le Top 15, jetait l'éponge à l'issue de l'ES 5. Paul Gauthier récoltait ainsi le fruit d'un parcours sans faute, et regagnait seul la ligne d'arrivée, Frédéric Robinet (Seat Ibiza Cupra D) ayant rejoint la liste des abandons dès vendredi soir.
La A7 a été, elle aussi, le théâtre de nombreux rebondissements. Si Cédric Aupetit (Renault Clio RS) prenait le large lors du prologue, reléguant à une distance confortable une armada d'adversaires aux dents longues, avec comme chef de file Jacques Maraval (Peugeot 206 RC), séparés de trois dixièmes avec Jérôme Rebès (Honda Civic Type R), la deuxième journée voyait Maraval sortir dans Saint-Emilion, et Aupetit être trahit par sa mécanique dans Lussac 2. Engagé dans un bras de fer avec Jean Blayon (Peugeot 206 RC), Jérôme Rebès finissait par céder à la pression en sortant dans l'ES 10, laissant filer Blayon vers la conquête du Graal. Jean-Philippe Rousseau (Renault Clio Williams) acquiesce en dauphin, tandis que Jérémie Guespin (Renault Clio Williams) a profité des abandons pour monter sur le podium, au terme d'une belle empoignade avec Yannick Frelaut (Peugeot 206 RC).
Trois vainqueurs potentiels étaient en situation de se disputer la couronne en A6K. Terrière frappait un grand coup le vendredi, mais se faisait piéger le lendemain matin. Après une ES 4 catastrophique, Cédric Orillac grillait son joker et ne pouvait parvenir à combler le retard pris par rapport à Martel.
La lutte pour la Classe A6 a, elle aussi, tenu en haleine les spectateurs avertis. Le vendredi, Julien Reigniez (Citroën Saxo VTS) prenait l'avantage par rapport à la référence Yohan Morilleau (Peugeot 106 S16). Mais lors de la première boucle du samedi, Yohan Morilleau faisait valser aisément la Lionne sur les spéciales détrempées, et parvenait à contrecarrer les ambitions de Reigniez. S'il revenait voir dangereusement dans ses rétroviseurs la représentante de la marque aux chevrons lors de la dernière boucle ; celle-ci faisant quasiment jeu égal avec lui ; il parvenait au final à tenir en respect l'équipage Bordelais.
Esseulé en A5K, Stéphane Vesvre (Peugeot 106 XSI) a atteint l'objectif principal, celui de rallier l'arrivée finale.
Même cas de figure pour Yannick Dupouy (Peugeot 106 XSI), qui s'est quant à lui offert le malin plaisir de damner le pion aux N2 et autres A6 sur certains secteurs chronométrés, pour conclure au 25e rang final.
Groupe N: Belle prise en main pour Lionel ESPINASSE

Après des débuts prudents avec la Mitsubishi Lancer Evo 9, Lionel Espinasse s'est véritablement lâché ce week-end sur les routes girondines. Son sens de l'attaque couplé à une régularité sans faille le propulse aux sommets de la hiérarchie en Groupe N. Le seul en mesure de lui contester le titre, Bertrand Guillon (Renault Mégane RS), après avoir occupé les devants de la scène pendant un moment, se retire dans l'ultime ES sur ennuis mécaniques. Pierre Mainvielle n'a quant à lui pas eu l'occasion d'exploiter pleinement le potentiel de sa Mitsubishi Lancer Evo 8, le chat noir ayant élu domicile dans l'habitacle de l'auto depuis le Côtes de Garonne n'étant toujours pas parti. C'est donc le ténor de la N3, Julien Séré, qui, pour son retour après une absence remarquée en début de saison, hisse sa Clio Ragnotti sur le podium ; podium complété par la Mitsubishi Lancer Evo 6 de Maxime Vanraes, ayant effectué le lointain déplacement depuis le Nord-Pas de Calais. Il s'empare par la même occasion de la deuxième place en Classe N4 derrière le leader de Groupe.
Julien Séré rafle quant à lui la palme en N3, bien qu'Alexis Bariteau (Renault Clio Ragnotti) ne lui ai laissé aucun répit. Anthony Faussabry (Renault Clio RS) termine quant à lui sur les talons du dernier cité, après avoir été libéré de la pression exercée par les Clio Ragnotti de Pierre Tournié et Stéphane Chaumont, ayant rejoint la liste des abandons. Ludovic Touvron n'a quant à lui pas eu l'occasion de s'exprimer réellement, sa Clio Ragnotti refusant tout service à l'entame de la deuxième journée.
Une nouvelle fois, Damien De Wilde (Peugeot 106 S16) a fait figure d'épouvantail en N2, mais il a dû composer avec un Sébastien Larçabal déchaîné, évoluant sur la Peugeot 106 S16 habituellement pilotée par Eddy Larme. Plus en retrait, Nicolas Foulon (Peugeot 106 S16) a été relégué au rang d'observateur, après avoir coiffé sur le fil l'autre Peugeot 106 S16 de Guillaume Breussin.
Jérôme Ricou (Peugeot 106 XSI) n'a, quant à lui, pas tremblé pour le gain de la plus petite cylindrée du Groupe N. Jérôme Boissout (Peugeot 106 XSI) lui a pourtant mené la vie dure, mais termine en bon dauphin. Anthony Alvarez (Citroën AX Sport) décroche la médaille de bronze.

Groupe F2000: Antony MORA, sans surprise

On ne voit pas bien qui était en mesure de rivaliser avec Antony Mora, vainqueur au général. Depuis son début de saison 2012, le Sarladais réalise un sans faute : trois rallyes disputés, et trois victoires à la clé.
Pour les accessits, Yohan Dupouy l'avait lui-même annoncé avant le départ du prologue ; avec un moteur accusant un déficit de 50 chevaux par rapport à l'habituel ayant rendu l'âme au Val d'Agout, il ne comptait pas jouer avec les autres favoris pour monter sur le podium en F2000. Et pourtant, les péripéties auxquelles ont été confrontés ses principaux adversaires, Lionel Jacob et Yannick Lacouture, ainsi que sa pointe de vitesse, lui permettent de ravir la seconde, au gré d'une attaque de tous les instants. La dernière marche restante tombe dans l'escarcelle du rapide Romain Longé (Peugeot 206 S16).
En Classe F2-14, derrière les intouchables Mora et Dupouy, l'époustouflant Guillaume Chapelle, après un Béarn éclatant, tire de nouveau son épingle du jeu en figurant parmi le trio de tête, et, la cerise sur le gâteau à une superbe 11e place au général. De retour aux affaires avec une Renault Clio RS fraichement remontée, Loïc Larquey a été stoppé prématurément dans son élan par une crémaillère de direction défectueuse.
Romain Longé a assommé littéralement la concurrence en F213. Patrice Chaussat (Citroën Saxo) savourait quant à lui la joie de finir un Rallye qui ne lui a pas toujours sourit dans le passé, de surcroit en deuxième position, après avoir repoussé les ardeurs de Cyril Guyot (Peugeot 306 XSI). Prix pas de bol pour Jérôme Dantiacq, qui amochait sérieusement sa Peugeot 206 CC dans Montagne 1. De même, les premiers tours de roues de Maxime Barbé avec sa Citroën Saxo VTS, n'ont pas été couronnés de succès, puisqu'ils se sont soldés par un abandon mécanique dans l'ES 3.
En F2-12, Ludovic Prosper (Peugeot 106 XSI) venait brouiller les cartes face à Patrick Brunerie, ayant passé sa 106 XSI du Groupe A au F2000. Mais les deux protagonistes subissait les affres de la mécanique, la victoire étant, au final, l'attribut de Jean-Emmanuel Alvès (Peugeot 106 Rallye).
L'équipage Arédien Laurent Demars-Yves L'Official (Peugeot 205 Rallye) s'adjuge quant à eux les lauriers en F2-11.
Groupe GT: FORCES et les autres

De bout en bout, Jacques Forcès s'est imposé en leader du Groupe GT, au volant de sa Porsche Cayman S. Gérard Marie (BMW 135 I) ayant abdiqué suite à un retard supérieur à 15 min à un CH, François-Xavier Boissou (Nissan 350 Z) suit, après avoir relégué à des années lumières la Renault Clio V6 de Cyril Daguzé.


Groupe Z: Daniel HARO bien seul

Daniel Haro s'est contenté d'assurer le spectacle en faisant glisser son Alfa Roméo 75. Jérémie Gineste (Renault Clio Williams) n'a pu lui donner la réplique, puisque la course s'arrêtait pour lui au point stop de l'ES 3.

Groupe R: Jérôme JOUSSELY, meilleur performer en Groupe R

Seul rescapé en R3, Jérôme Joussely en conclut par une belle 9e place au général et 1er de Groupe. En Classe R2, que ce soit les C2 R2 de Jean-Pierre Guinel ou Arnaud Cormier, aucune n'ont vu la ligne d'arrivée.
Steeve Thabard (Renault Twingo RS) se distingue quant à lui en R1, et arrive en deuxième position de ce Groupe, décimé par les abandons.

En Coupe des Dames, le titre échoit à la 106 Rallye F2-12 de l'équipage Aline Chollet-Sandra Raffin.
Seuls 52 équipages ont rejoint l'arrivée sur les 104 autorisés à prendre le départ, soit un déficit de 50 % du plateau, preuve que le Saint-Emilion demeure un Rallye difficile et éprouvant, tant pour les hommes que pour les mécaniques.

Prochain Rendez-Vous : la Course de Côte de Quillan (11), les 26 et 27 Mai.

Texte et photos : PQ47. Vidéos: PassionRallye 31 et Rallye46.