Rallye CDF Aveyron-Rouergue-Midi-Pyrénées 2013

Jean-Marie CUOQ reprend la main
Pour cette cinquième manche du Championnat de France des Rallyes, et traditionnel rendez-vous estival qu'est le Rallye Aveyron-Rouergue-Midi-Pyrénées, la lutte pour la conquête du titre suprême a repris ses droits dans les spéciales piégeuses et techniques de l'Aveyron. Vainqueur aux Vins-Mâcon, Julien Maurin (Ford Fiesta WRC - Team EMAP Yacco) a pour principal objectif de consolider son avantage par rapport à ses adversaires ; d'une part Jean-Marie Cuoq (Citroën C4 WRC - Team Chazel by GT2i Marc de Passorio), prêt à se refaire une santé après la déconvenue de la manche précédente où il avait été contraint à l'abandon, et d'autre part Eric Brunson (Subaru Impreza WRC - Team First Motorsport), sans compter que le local de l'épreuve, Jean-Michel Da Cunha, pourrait bien venir brouiller les cartes aux commandes d'une Citroën DS3 WRC de location, issue des ateliers du Team PH Sport.
L'entame des hostilités s'opère le vendredi, avec une toute nouvelle spéciale à disputer deux fois : «Laissac-Séverac l'Eglise » (12.3 kms), et la redoutée « Sainte-Eulalie » (13.77 kms), où les 143 concurrents poseront à deux reprises leurs roues également. Jean-Marie Cuoq donne le ton à l'occasion de cette première journée, ne cédant que l'ES4 à Eric Brunson, qui tente tant bien que mal de refaire son retard suite à une transmission défaillante dans l'ES 2. Régulier, Maurin accroche le bon wagon en s'installant au rang de dauphin, sans toutefois parvenir à suivre le rythme endiablé de l'Ardéchois. Après une nécessaire prise de température au volant de la DS3 WRC qu'il découvre, Da Cunha pointe sur le podium, avec 4 dixièmes d'avantage sur la Subaru de Brunson. La journée du samedi s'annonce donc chaude, tant sur le plan de la bagarre entre les deux protagonistes, qu'au niveau météorologique.
Le lendemain, Cuoq enfonce le clou et porte l'écart à 24s3 par rapport à Maurin au terme de l'ES 6, avant que le pilote du Team EMAP Yacco réplique dans « Luc-Moyrazès (25 kms), sensiblement remaniée par rapport aux années antérieures, pour 7s3. Après un nouveau coup d'éclat dans l'ES 8 « Tremouilles-Salmiech-Comps » (15.9 kms), le leader provisoire du Championnat relâche la pression dans l'ES 9, suite à un turbo récalcitrant. Il en sera de même pour le secteur chronométré N°10 de Luc-Moyrazès. Un chrono qui apporte à Jean-Michel Da Cunha la consécration, puisqu'il y signe son premier temps scratch avec la DS3 WRC. Malheureusement, cette performance n'est pas réellement visible au niveau du classement général, puisqu'une crevaison en début de journée lui a fait concéder de précieuses minutes. Eric Brunson disparaît quant à lui des tablettes dans l'ES 7, suite à un problème d'embrayage, ce qui permet à Pierre Roché (Mini JCW WRC - Team FJ Elf) de s'offrir l'opportunité en figurant parmi le trio de tête, grâce à une régularité sans faille. Mais le lendemain, un gros morceau attend les 105 rescapés, avec deux passages dans la redoutée ES de « Campouriez-Florentin », longue de 25 kms. Déterminé à refaire une partie de son retard sur ses adversaires, Jean-Michel Da Cunha claque deux temps scratchs supplémentaires ; hélas cela n'est pas suffisant pour détrôner Pierre Roché du podium. Jean-Marie Cuoq a quant à lui mis à profit ces 50 derniers kilomètres pour gérer la victoire, et c'est avec 1min41s8 d'avance qu'il rentre à Rodez en vainqueur devant Maurin. Gilles Nantet (Porsche 997 GT3 Cup - Team EMAP Yacco) hérite de la 5e place, après avoir fait des étincelles en Trophée Michelin. 6e, Ludovic Gal (Ford Fiesta S2000- Team EMAP Yacco), malgré un manque de roulage, a fait preuve d'une grande dextérité, poussé dans ses derniers retranchements par la Porsche 997 GT3 Cup de Patrick Rouillard (Team 2HP Veloperfo.com), qui vient mourir à 5s5 du Savoyard. Terminant 8e au général, Eric Mauffrey (Nissan 370 Z - Team Revo6 Digiservices) a pris la mesure d'Arnaud Augoyard (Fiat Grande Punto S2000 - Team MSR by GBI.com Minerva Oil), sur la réserve le vendredi, mais nettement plus en confiance les deux journées suivantes. Et que dire de Cédric Robert, si ce n'est que le Stéphanois a de nouveau démontré les multiples facettes de son talent, en s'immisçant au sein du cercle du Top 10 au volant de la Peugeot 208 VTI du Team Saintéloc Racing.

Groupe A: Les WRC aux manettes

Sans surprise, la domination écrasante des WRC a été légion ce week-end en Aveyron pour le gain du Groupe A, dont l'ordre final se calque en toute logique sur le classement général, soit Cuoq-Maurin-Roché.
En A7S, Ludovic Gal est passé à travers tous les pièges sans être perturbé dans son ascension vertigineuse, malgré un retour en grâce d'Augoyard en fin de parcours.
Rares sont désormais les Kit-Car en Championnat de France, ces autos de légende qui, il y a quelques années en arrière, trustaient les lauriers en Trophée Michelin. Les époux Bérenguer (Renault Mégane Kit Car, FA7K) ont fait la démonstration flagrante lors de la première étape que ces bolides ayant toujours la côte à l'applaudimètre ont toujours leur place en Rallye. Hélas, alors que les Languedociens pointaient en 9e position, une sortie de route dans l'ES 4 mettait un frein à leurs ambitions.
En A7, Jean-Pierre Gatti (Peugeot 206 RC) n'a pas fait de détails, et n'a laissé que des miettes à la concurrence constituée de Jacques Maraval (Peugeot 206 RC) et Sébastien Falgayrat (Peugeot 306 S16). Pascal Choudey (Renault Clio Ragnotti) et Romain Guyot (Renault Clio RS) se sont invités brièvement à la conquête du tiercé gagnant, mais la mécanique en a décidé autrement.
Leader le vendredi, Clément Majorel (Citroën Saxo Kit-Car, A6K) ne dépassait pas l'ES 5 le lendemain (mécanique). Nicolas Rouillard (Peugeot 206 XS) en profitait donc pour régner en main de maitre sur la A6K, tutoyant le Top 30, avant qu'une sortie de route rédhibitoire hypothèque cette performance de premier ordre. Lilian Schlosser (Citroën Saxo VTS) récolte donc le fruit d'un parcours sans faute, malgré de vives échauffourées avec la Peugeot 206 XS de Yohan Puechagut, qui s'incline pour 11s2.
Seul en A6, Olivier Nolorgues (Citroën Saxo VTS) en conclut au milieu d'une meute de Twingo R1 du Championnat de France Junior.
Groupe R, Trophée Twingo R1 et Championnat de France Junior, Trophée Twingo R2, Opel Adam Cup, Citroën Racing Trophy Junior: ROBERT le preux

En Groupe R, Cédric Robert a tiré toute la quintessence de sa Peugeot 208 VTI. Nul ne s'en étonne au vu de son coup de volant notoire. En revanche, l'une des révélations de ce Rouergue 2013 est très certainement la valeur montante Charles Martin, au volant d'une monture similaire. Le jeune francilien, malgré une crevaison dans l'avant-dernière ES, a signé des chronos proches des références Cédric Robert et Emmanuel Guigou (Renault Twingo R2), dauphin en Groupe R. Il cède donc la médaille de bronze au pilote officiel Renault Sport Technologies, Jérémie Serieys (Renault Twingo R2), en progression exponentielle lui aussi, damnant le pion à la Renault Clio R3 du local François Pélamourgues, très incisif sur cette manche à domicile.

Le Championnat de France des Rallyes Junior, apparenté au Trophée Twingo R1, a offert de multiples rebondissements au cours de trois journées intenses de course. Axel Garcia montre les crocs dès l'entame des hostilités, mais Alexis Sirmain, ayant à cœur de marquer les esprits à domicile, ne l'entend pas de cette oreille, et s'empresse de remettre les pendules à l'heure, si bien qu'il boucle les quatre ES du vendredi, en chef de file, malgré la menace directe représentée d'une part par Damien Defert, d'autre part par Axel Garcia. Mais les réjouissances n'étaient que de courte durée pour le leader provisoire, qui partait à la faute et concédait un temps précieux, laissant filer Defert aux avant-postes. Mais à son tour le Bourguignon se faisait également piéger par les ES tortueuses de l'Aveyron. Florian Bernardi ayant écopé d'une pénalité de 40 secondes, Gabriel Lieffroy prenait le relais le temps de quelques kilomètres, avant qu'une sortie contre un arbre mette fin à ses ardeurs. Finalement, seul Florian Bernardi, malgré sa mésaventure règlementaire, sortait indemne de cette cruelle spirale. En alignant de nouveau un meilleur temps dans l'ES dominicale de « Campouriez-Florentin », il se mettait définitivement à l'abri d'un retour éventuel de ses adversaires. Sirmain s'adjugeait un dernier baroud d'honneur dans l'ES 12, sans espérer toutefois les honneurs, ayant clôt ses chances la veille. Axel Garcia, et un étonnant Laurent Pellier, constituent donc les prétendants aux accessits.

Le Trophée Twingo R2, dans la course au Graal, a également fait des déchets. Si Emmanuel Guigou a usé de son expérience pour prendre le large dès le vendredi soir sans être rejoint, malgré une alerte le samedi suite à un collecteur montrant des signes de faiblesse, les places d'honneurs ont été chères et disputées. Dimitri Audet se révélait le plus apte à suivre les traces du Vauclusien. Hélas, en lutte fratricide avec Yann Clairay, il sortait violemment dans l'ES 8, et abdiquait. Mathieu Sentis en faisait de même, Nicolas Romiguière, après une figure improvisée dans l'ES 6, grillait un sérieux joker et se contentait dès lors de rallier l'arrivée finale sans encombres, tandis qu'en proie à des ennuis mécaniques, l'Azuréen Georges Gonon rejoignait à son tour la liste des abandons. Il ne restait guère que Yann Clairay pour tirer les marrons du feu derrière l'intouchable Guigou, tandis que Romiguière complétait le podium.

A l'image de Guigou en Trophée Twingo R2, Yoann Bonato a occupé de bout en bout le sommet de la hiérarchie dans la dernière née des Coupes de Marque, l'Opel Adam Cup. La première étape a été très rude pour certains de ses prétendants, puisqu'outre Gilles Faure et Benjamin Hanquiez, Richard Bartolini a été victime d'une grosse sortie de route nécessitant une intervention et la neutralisation de la fin de l'ES 4. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement, ainsi qu'à son copilote Kévin Millet. Face à l'hégémonie de Bonato, Rémi Jouines a entamé une résistance enflammée, lui emboitant le pas à plusieurs reprises au gré d'un temps scratch dans l'ES 5 et de chronos jouxtant la plupart du temps ceux de son homologue de la marque allemande. Une petite escapade hors de la chaussée dans l'ES 7 ne lui permettra pas de demeurer dans les talons du premier cité. Il s'est ainsi par la suite cantonné à surveiller dans ses rétroviseurs un éventuel retour d'Olivier Marty.

Le Citroën Racing Trophy Junior a, quant à lui, permis de faire éclore un talent naissant, en l'occurrence celui du Tarnais Jordan Berfa, quasiment impérial à partir de l'ES 4. Si la première boucle du vendredi octroie l'avantage à Jean-Sébastien Oudot, talonné par Antoine Massé et Loïc Astier, auteurs des deux premiers scratchs, Jordan Berfa passe à la vitesse supérieure dans l'ES 4 nocturne, coiffant Oudot sur le fil au soir de la première étape. Mais dès le lendemain matin, Oudot récupére son bien acquis la veille, tandis que Massé disparait des tablettes (sortie de route). Le Luron finissait également par commettre une erreur lui coutant près de deux minutes. Une voie royale se dressait donc devant Jordan Berfa. Un défi que le jeune espoir a relevé, car si Frédéric Hauswald s'est brillamment distingué lors de la suite des opérations, la régularité a payé pour Berfa, qui signe sa première victoire en Citroën Racing Trophy Junior. Hauswald, victime de problèmes électriques, n'a pu réellement rivaliser, et se console avec la médaille d'argent, précédant Loïc Astier et Jean-Sébastien Oudot.

Groupe F2000: Les BMW Compact sont reines !

En F2000, l'on était en droit d'attendre un Jean-Laurent Chivaydel dans tout sa splendeur, puisqu'évoluant sur ses terres de prédilection. Le pilote de la BMW 318 Compact siglée « Le Petit Basque » faisait effectivement honneur à sa réputation le vendredi, en figurant au sein du Top 20, et disposant d'un excédent confortable sur la Peugeot 206 Maxi de Christophe Sichi. Mais un hors-piste dans un champ (ES 7 « Luc-Moyrazès ») le faisant plonger dans les abysses du classement l'a définitivement écarté du leadership, tandis qu'une défaillance mécanique sur leur Lionne obligeait les frères Sichi à rendre les armes. Philippe Jean (BMW 318 Compact) n'avait donc plus qu'à dérouler pour regagner Rodez en conquérant. Une série d'abandons (Jean Luc Taormina, Peugeot 206 S16 ainsi qu'Eric Giraud, Volkswagen Golf 3 GTI) ont permis à Jonathan Bouteille (Peugeot 206 S16) de monter sur un podium de Groupe inespéré au départ, suivi de la Peugeot 106 Rallye de David Blanc.
En F2000-13, la majorité des pronostics misaient sur l'avion Romain Favreau (Citroën Saxo VTS). Victime de problèmes de freins, le Tarnais n'a pu concrétiser, et la mort dans l'âme, après une ultime tentative de réparation dans la nuit du samedi au dimanche pour repartir en SuperRallye, a dû jeter l'éponge. Adrien Marragou (Peugeot 106 S16), néanmoins confronté à des ennuis mécaniques dans l'ES 11, décroche la timbale, de justesse face à Thomas Mouysset (Peugeot 206 CC). Franck Bonnefis (Peugeot 106 S16) glane l'ultime marche du podium.
David Blanc (Peugeot 106 Rallye) coiffe la couronne en F2-12, sans avoir omis de se livrer au spectacle dans de nombreuses épingles. Rémy Dubois (Peugeot 206 XS) acquiesce, pendant que Sébastien Guiral (Peugeot 106 XSI) renonce sur ennuis mécaniques.
En F2-11, Vivian Cuguillère (Citroën C1 Cup) a perdu prématurément son seul camarade de jeu, Aymeric Sanchez (Citroën AX Sport), victime des affres de la mécanique.
Groupe N: HOT bouillant

Représentant du Team 2HP Compétition - Veloperfo.com, Jean-Nicolas Hot (Subaru Impreza STI N15) a dicté sa loi en Groupe N. Malgré un pointage en retard le dimanche matin, il a maintenu le cap, faisant fi des assauts répétés de Julien Marty (Mitsubishi Lancer Evo 8), époustouflant sur ce millésime 2013. Le Figeacois clôture en effet l'épreuve aveyronnaise au beau milieu d'une meute d'habitués du Championnat de France. Philippe Alauzet (Mitsubishi Lancer Evo 9) se mettait lui aussi en lumière, avant de devoir quitter la scène (mécanique), laissant Philippe Pueyo (Subaru Impreza STI) refermer le podium.
Jean-Marc Bertrand (Peugeot 206 RC) a fait figure d'épouvantail en N3, ne laissant ni à Alexandre Brossy (Renault Clio Ragnotti), ni à Pierre Costes (Renault Clio RS), le soin de contester sa suprématie.
Yohan Saillat (Peugeot 106 S16) s'est illustré en N2, tandis que Luc Burguière (Peugeot 106 S16) a coupé en retraite. Bastien Baulès (Peugeot 106 S16) n'a pu se mêler aux débats.
La classe « biberon » tombe dans l'escarcelle de Stéphane Da Silva (Peugeot 106 XSI), pas réellement inquiété par Didier Baltrons (Peugeot 205 Rallye), Yvan Vergnes (Peugeot 106 XSI) n'ayant pu rallier l'arrivée (mécanique).

Groupe GT+ : NANTET sur tous les fronts

Non content de s'accaparer le trône en GT+, Gilles Nantet accroit son avance au sein du Trophée Michelin, en laissant Patrick Rouillard et Eric Mauffrey occuper les accessits.

Groupe Z: SABATIER ravive la flamme

Au volant de sa BMW M3, Florent Sabatier a brûlé l'asphalte et animé les points spectacles, faisant glisser sa vénérable bavaroise pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles. Sa prestation est d'autant plus remarquée qu'elle s'est matérialisée par une belle 20e place finale, et bien entendu la victoire en Groupe Z !



Le bilan au Championnat de France Pilotes : Julien Maurin occupe toujours la tête avec 144 points, mais devra se méfier de Jean-Marie Cuoq lors des prochains rendez-vous, revenu ce week-end à 128 points. Gilles Nantet, fort d'une belle 5e place, occupe la troisième marche provisoire. Idem pour les navigateurs, Nicolas Klinger ayant pris l'avantage face à Jérôme Degout.

Au niveau du Championnat de France Teams : Le Team EMAP Yacco, avec deux nouveaux gros résultats pour Julien Maurin et Gilles Nantet, a pris un grand bol d'air en ce week-end ruthénois. Il dispose désormais d'un écart substantiel de 40 points sur le Team Revo6-Digiservices, et 54 points sur le Team Saintéloc Racing.

En Championnat de France des Rallyes Junior, Axel Garcia maintient le cap face à Florian Bernardi et Damien Defert.

En Championnat de France Marque, Renault augmente son capital de points, porté à 60 au terme des cinq premières épreuves.

Prochain Rendez-Vous : le Slalom en Côte d'Argenton-Bouglon (47), les 20-21 Juillet, et le Rallye Montagne Noire (81), les 27 et 28 Juillet.

Texte et photos : PQ47