Course de Côte Internationale du Mont Dore - Chambon sur Lac 2013
Christian MERLI, veni vidi vici
Epreuve phare du Championnat d'Europe et du Championnat de France de la Montagne, considérée comme la plus belle course d'Europe, du fait de son parcours atypique, avec près de 50 virages le long des 5.075 kms du Col de La Croix Saint Robert, et de son cadre verdoyant au cœur du massif du Sancy, la Course de Côte du Mont Dore - Chambon sur Lac, que l'on pourrait qualifier de « Pikes Peak européen », pour sa 53e édition, a de nouveau fait honneur à sa réputation. En effet, pas moins de 189 pilotes engagés en épreuve dite « moderne », et 30 concurrents issus des Véhicules Historiques de Compétition (V.H.C) ont réveillé les volcans en ce week-end des 9-10-11 août. Et si le nombre de prétendants européens pêchait, du fait d'un calendrier très rapproché, avec quatre courses en l'espace d'un mois, les candidats au Championnat de France se sont présentés toujours aussi nombreux au départ des essais le samedi matin.
En l'absence du multiple champion d'Europe, Simone Faggioli, détenteur du record de la montée et triple vainqueur de l'épreuve, l'on aurait pu craindre à ce que nos « frenchies » Nicolas Schatz et Sébastien Petit et leur proto Norma M20 BMW 4 Litres se sentent bien esseulés pour la conquête du Graal. Mais c'était sans compter sur l'opiniâtreté d'Enzo Osella, père fondateur de l'écurie éponyme, qui a dépêché au Mont-Dore/Chambon-sur-Lac un de ses meilleurs éléments, en la personne de Christian Merli, de surcroit au volant d'une nouvelle arme : une Osella PA 2000 équipée d'un moteur 2 litres. Et si l'objectif de l'équipe italienne était claire : la victoire, le défi à relever s'annonçait corsé.
En effet, aux essais, Nicolas Schatz démontre qu'il compte bien s'offrir son premier sacre sur les pentes auvergnates. En 2min18s619, il inflige 1s228 à Merli, et 3s854 à Sébastien Petit. Au sein du carré d'as provisoire, Alban Thomas (Reynard 01L Mugen) s'affirme quant à lui dans le clan des F3000.
Mais lors de la première montée de course dominicale, Merli, piqué au vif, se fâche tout rouge et arpente les 5.075 kms en 2min17s609. Avec un chrono légèrement en recul par rapport à la veille, Nicolas Schatz se voit menacé sérieusement par Sébastien Petit, passé à la vitesse supérieure en 2min19s931. Merli est de nouveau l'auteur d'une somptueuse démonstration de force lors de la seconde ascension, et se voit propulsé sur un nuage en 2min16s655. Schatz ne peut suivre le rythme effréné de son rival italien, et l'ultime tentative restera vaine pour le Bourguignon, qui effectue une touchette contre un rail entrainant une casse mécanique. Le sommet de la hiérarchie demeure donc identique, tandis que Sébastien Petit, malgré une attaque de tous les instants, se console avec la médaille de bronze. Il a néanmoins creusé un écart substantiel sur la F3000 d'Alban Thomas, lui-même s'étant affranchi des griffes du Tchèque Otakar Kramsky (Reynard K13). Sur ses terres, Yannick Latreille (Norma M20 F BMW) a une nouvelle fois fait preuve d'une belle dextérité en s'affichant au 6e rang, damnant le pion à son coéquipier local Benoit Bouche (Reynard 99 L). Pour son grand retour dans la discipline, l'Espagnol Andres Vilarino a fait forte impression aux commandes d'une Norma M20, en se hissant en 8e position, face au second de la fratrie Schatz, Geoffrey (Norma M20 FC Honda). Auteur d'une saison exceptionnelle, David Guillaumard (Dallara F 307 Mercedes) clôture le Top Dix.
En D/E, sans surprise, et bien que leur nombre se soit réduit comme peau de chagrin, les F3000 ont été reines, avec, dans l'ordre : Alban Thomas, Otakar Kramsky et Benoit Bouche.
La chaude lutte qui anime le Championnat depuis le début de Saison en catégorie F3, relative à la Classe DE-5, a une nouvelle fois tourné à l'avantage de l'impressionnant Guillaumard, qui a dicté sa loi à Thomas Clausi (Dallara F 302-304) et Raynald Thomas (Lola B 06-30 Opel). Seul prétendant en E2SS-2, catégorie européenne, le Périgourdin Julien Devaux s'est fait piégé au « Buron », et a dû rendre les armes. Dans la Classe DE-7, propre au clan des Formules Renault, Didier Chaumont a dominé de la tête et des épaules, avec comme dauphin Joël Mariani, tous deux sur Tatuus FR 2000. La troisième marche du podium a en revanche été le théâtre d'une belle empoignade entre Antoine Betzel et Lilian Mège, ce dernier s'octroyant finalement l'avantage à l'addition finale, puisque dans le cadre du Championnat d'Europe, le cumul de deux montées est nécessaire à l'établissement du classement. Esseulé en DE-2, le Charentais Samuel Bézinaud a néanmoins effectué un joli parcours aux commandes de sa Reynard 893. A noter également en DE-1, la performance de premier ordre de Robert Barrière (GB Concept 001), qui se paie le luxe de se glisser en 18e place finale, au beau milieu d'une armada de F3 et protos dernier cri, de surcroit avec à son actif le record de la montée en 1300. Chapeau !
En CN, les 4 Litres relatifs à la classe CN+ ont évidemment monopolisé les devants de la scène, Schatz ayant pris une nouvelle option pour le gain du titre suprême. Sans concurrence en 3 Litres, Latreille s'est borné à se jauger par rapport aux F3000, quant à Andres Vilarino et Geoffrey Schatz, ils héritent respectivement de la palme en E2SC-3 et CN-2. La course s'est cependant révélée de toute beauté au sein de cette dernière catégorie, grâce aux assauts du véloce Serge Thomas (Norma M20 F), qui se pare de la médaille d'argent, et son poursuivant, Claude Degremont (Norma M20 FC).
Olivier Cambon (Funyo B4) s'adjuge quant à lui la petite cylindrée, tandis que dans la catégorie des protos CM, le très attendu BRC B49, nouvelle création du constructeur ibérique, a fait des prouesses en E2SC-1 avec son volant, Javier Villa. Mais c'est un de ses compatriotes qui décroche le Graal en CM, en l'occurrence Antonio Alarcon Aguero (Silver Car S2F). Les français n'ont pas démérité également, puisque Benjamin Blandamour (Silver Car S2F Suzuki), ainsi qu'Yves Tholy (Speed Car GTR), transfuge du Groupe FC au CM, ont marqué les esprits par le biais d'une attaque spectaculaire.

Groupe A: Alexandre COSSON, en apesanteur

Avec hargne et élégance, Alexandre Cosson décroche un nouveau et brillant succès en Groupe A et Classe A4 pour ce 10e rendez-vous du Championnat de France. Ses camarades de jeu évoluant également sur une Seat Léon Supercopa, se sont fait surprendre par le jeune espoir tourangeau lors de l'ultime montée, qui s'inscrit dans la lignée de son frère aîné. En effet, après avoir grillé un joker en début d'après-midi suite à une sortie de route, ce dernier a mis les bouchés-doubles pour tout de même se présenter sur la ligne de départ de la troisième montée et espérer conquérir le Graal, ce qu'il a effectué avec brio, laissant s'expliquer chaudement Francis Dosières et David Dieulengard pour le gain des places d'honneurs, le premier soufflant la deuxième place pour 128 centièmes au second.
La A3 n'a pas non plus manqué de piment. Si Thomas Chavot (Renault Clio Williams) affirmait ses ambitions le samedi aux essais, Philippe Polge (Renault Mégane Kit-Car) les a contrecarrées lors de la course, et ce malgré une belle résistance de la part de son adversaire. En chef de file d'une meute de Renault Clio Cup, Jérémy Corsin s'orne de bronze.
Frédéric Dutoya (Citroën Saxo VTS) a littéralement assommé la concurrence en A2, composé de Florian Brun-Buisson (Peugeot 206 XS) et Guillaume Kruger (Citroën C2 VTS).
Groupe N: Sébastien LEMAIRE au finish

A l'image du Groupe A, la victoire en Groupe N s'est jouée dans la dernière montée. Si Pascal Cat (BMW M3 E36) tenait solidement la corde, c'était sans compter sur la fougue de Sébastien Lemaire (BMW M3 E36), son plus féroce concurrent cette saison, qui rafle le scalp pour 489 centièmes. Dans les roues des deux Bavaroises, l'on retrouve la Mitsubishi Lancer Evo 9 du Tchèque Jiri Los.
Scénario quelque peu différent en N3 où le rallyman Eric Sauteur (Renault Clio Ragnotti) s'est rapidement installé sur un piédestal, sans jamais être rejoint. Il précède la Renault Clio RS de Mickaël Fezay et l'Honda Civic Type R de Jean-Noël Claudepierre ; Daniel Demare (Honda Intégra Type R) étant parti à la faute dès la première montée.
En N2, Jean-François Turnel (Citroën Saxo VTS) a eu raison du bal des Honda Civic VTI emmenées par Christophe Demare et Dominique Prudent.
Guy Janny (Peugeot 106 XSI) n'a souffert d'aucune concurrence dans la classe « biberon ».

Groupe F2000: Jean TURNEL, en vieux briscard

Pour le gain du Groupe F2000 et de la Classe F2000-3, Julien Pontille (Renault Clio RS) créait la surprise lors des deux premières ascensions en repoussant les velléités d'une armada d'adversaires aux dents longues. Mais c'était mal connaître le véloce Jean Turnel (Peugeot 306 XSI), qui claquait un temps canon et chassait du trône la représentante de la marque au losange. Emmanuel Véol (Peugeot 206 RC) a, quant à lui, tiré toute la quintessence de sa monture pour souffler le tiercé gagnant au rapide Patrick Ramus (Renault Clio Williams).
5e de Groupe aux commandes de sa Peugeot 106 Rallye, Julien Veysset a fait forte impression en F2000-2, taclant au passage Jérôme Janny (Honda Civic VTI) et Alain Bard (Volkswagen Golf GTI).
A domicile, Eric Morange et sa monstrueuse Citroën AX Sport a été sans pitié au sein de la F2000-1. Rachel Poitevin et Anthony André, tous deux sur Peugeot 106 XSI, se sont résignés à acquiescer.


Groupe FC:
Champagne pour Joël CAZALENS

Dans un Groupe FC malheureusement bien pauvre, Joël Cazalens a cravaché ferme pour imposer sa Scora Type 2 bleu ciel, malgré la pression constante exercée par Anthony Dubois (Scora Maxi) qui n'a pas fait de la figuration lui non plus. Tous deux ont tenu en respect Didier Deniset (Renault 5 TDC).
En FC3, le retour à la compétition du Breton Jérôme Moraines a fait plaisir, sa superbe Jidé étant un réel régal visuel et sonore.
Benjamin Vielmi (Simca CG 1600, FC2) n'a pu participer à la course suite à une exclusion prononcée par le Collège des Commissaires Sportifs à son encontre au terme des essais.
Sébastien Godot (Simca Rallye 3) a fait la différence en FC par rapport à Romain Richardeau (Simca Rallye 3). Un peu plus à distance, l'on retrouve la Simca Rallye 2 de Thierry Favario. Quant à Philippe Lenaud, qui étrennait une superbe Simca Rallye 2, il a été contraint d'abdiquer dès la première montée d'essais, la mécanique s'étant révélée capricieuse.
Groupe GTTS: Hervé PUIGRENIER, volcanique !

Aux vérifications techniques dans le centre du Mont-Dore le vendredi, Hervé Puigrenier annonçait que cette épreuve constituerait pour lui un baptême de feu au volant de sa rutilante Ferrari F458 louée à Sport Garage. Pour un coup d'essai, ce fut un coup de maitre, car même s'il a commis une petite erreur lors de la première montée de course, il n'a cessé de survoler les débats le restant de la journée. Nicolas Werver (Porsche 997 GT3 Cup) n'a pu lutter à armes égales, accusant un déficit de puissance par rapport à l'Italienne. Dimitry Nugue (BMW M3 E46 GTR) complète le podium, tout en ayant surveillé attentivement Jean-Louis Janioud (BMW M3 E46 GTR).

Groupe GT de Série: Dominique VUILLAUME avec l'art et la manière

Poussé dans ses derniers retranchements par Christian Schmitter (Porsche 997 GT3 RS), la victoire de Dominique Vuillaume (Porsche 996 GT3) en Groupe GT de Série n'en est plus que belle. Michel Lamiscarre (Porsche Cayman S) suit, tandis que le Belge Jean De Sutter (Lotus Exige) n'a pas été inquiété en GT1.

Groupe E2SH: Yann HECHE en apprentissage

Dans ce Groupe du Championnat d'Europe, le Suisse Yann Hèche alignait une superbe Mazda 3 MPS Rotary, avec laquelle il se classe 103e.

En démonstration, les spectateurs ont eu le privilège de voir évoluer sur la piste sancéenne l'imposante Norma pilotée par Romain Dumas (photo) dernièrement lors de la mythique Course de Côte de Pikes Peak (Etats-Unis). La F1 était aussi à l'honneur avec une superbe triplace pilotée par Jean-Pierre Ballet et une F1 Indycar aux mains de Michel Aubertin, en hommage à Daniel Rouveyran dont il était le mécanicien pour l'anniversaire des 40 ans de sa tragique disparition sur les pentes du Mont-Dore en 1973.

Prochain Rendez-Vous : La Course de Côte de Saint-Antonin-Noble-Val (82), le 15 Août.

Texte et photos : PQ47.