Rallye National d'Automne - La Rochelle 2013
BEAUBELIQUE sauvé des eaux…
Pour cette ultime répétition avant que l'équipe du Sport Automobile Océan emmenée par Gérard Texier n'accueille la Finale de la Coupe de France des Rallyes en 2014, les 157 équipages partants ont eu à affronter un épique mariage de difficultés : pluie abondante, boue, brouillard, nuit… Dans ces conditions dantesques, franchir le podium entre les deux Tours de la Rochelle samedi soir sous les coups de minuit au terme des onze spéciales chronométrées relevait d'une réelle performance ; sinon d'un exploit. Parmi les 71 rescapés de ce cru 2013, qui, sans nul doute, restera dans les annales, Jean-Charles Beaubelique et Julien Vial se sont montrés les plus aguerris au volant de leur Ford Focus WRC.
Lors de la première étape du vendredi soir, les concurrents ont à affronter les 14 Kms de l'ES de Sainte-Soulle, puis les 2 kilomètres tracés au cœur de la Zone Industrielle de Périgny. Au cours de cette première mise en bouche, Jean-Charles Beaubelique témoigne de l'appétit le plus féroce. Seulement, il ne dispose que d'un pécule de 2s4 sur le local Samuel Bézinaud (BMW 318 Ti Compact, F2-14), impressionnant les foules en s'intercalant au beau milieu de deux WRC, puisque suit la Subaru Impreza S8 des frères Mickaël et Anthony Faucher, à 4s5. Autre homme fort de la propulsion, Cédric De Sousa pointe le museau de sa BMW 318 Compact au 4e rang, damnant le pion à la Mitsubishi Lancer Evo 8 du rapide Michel Bourgeois (Mitsubishi Lancer Evo 8, N4). Mais la révélation de cette première boucle nocturne est sans aucun doute Kévin Coignard, qui se paie le luxe de hisser sa « petite » Peugeot 106 S16 au 6e rang, face à la Peugeot 207 S2000 de Bruno Longépé et aux WRC de Stéphane Jamot (Subaru Impreza S8) et Jérôme Galpin (Mini John Cooper Works).
Le lendemain, une pluie diluvienne s'abat sur les trois tracés faisant office de plat de résistance. Peu désemparé par la météo, Mickaël Faucher enclenche la vitesse supérieure et vogue à 7 dixièmes d'excédent sur la Ford du Team MSR by GBI.com. Mais dans une ES 4 apocalyptique (où l'on ne dénombre pas moins de 19 abandons !) Beaubelique sonne la fin de la récréation (+ 12 secondes) et reprend les commandes du Rallye. Transparent la veille, Jimmy Thibaudeau, alignant une rutilante Peugeot 206 WRC pour son retour après quatre ans d'arrêt, refait surface en alignant trois 3e temps successifs, boutant Samuel Bézinaud hors du podium. Jamot et Galpin partis à la faute et Faucher victime d'une crevaison, la voie s'éclaircie pour Bruno Longépé, qui, fort d'une belle dextérité, s'empare de la place de dauphin. Dans des conditions adéquates aux 4 Roues Motrices de sa Mitsubishi Lancer Evo 6, Ugo Girardeau crée la surprise en pointant 4e à l'issue de la première boucle de cette deuxième journée.
Dans le deuxième passage des « 3 S » (11.2 kms), Beaubelique enfonce le clou pour 5 dixièmes devant un Faucher revigoré, et bien décidé à revenir sur les devants de la scène. Puis l'ES 7 « Val de Trézence » et ses 26 kms donnent de nouveau l'occasion à Beaubelique d'exprimer tout le potentiel de sa Ford Focus WRC, en collant 34s1 à Faucher, et 44s4 à Bourgeois. En outre, Thibaudeau en profite pour « chiper » la 2e place à Longépé, qui manquera à l'appel lors de l'ES 8 « Pays Savinois » (14.8 kms), sa Lionne refusant tout service sur le routier. Ce scénario à rebondissements ne manque pas de se poursuivre lors de l'ultime boucle, notamment pour les places d'honneurs, où Cédric De Sousa, actuel 7e, figure lui aussi aux abonnés absents (mécanique entre ES 8 et 9).
Disposant d'un confortable pécule de 2min37s7, Beaubelique lâche un peu du lest dans l'ES 9 afin de gérer la victoire qu'il voit se profiler à l'horizon. Il laisse effectivement Faucher combler une partie de son retard sur Thibaudeau pour le gain des accessits. Tandis que le futur vainqueur s'offre un dernier baroud d'honneur lui assurant les lauriers lors des deux chronos restants, Faucher, malgré la perte de l'huile de boite, se jette corps et âme dans la bataille, et parvient à coiffer pour 13s Thibaudeau. 4e, Bourgeois a également bataillé ferme avec Bézinaud pour le gain du carré d'as, mais peu avantagé avec sa propulsion, le second cité s'incline pour 31s6. Il a néanmoins tenu en respect un épatant Girardeau, 6e, lui-même aux griffes avec la Renault Clio RS du Poitevin Nicolas Hernandez (Renault Clio RS, F2-14), 7e. Auteur d'une fin de Rallye tonitruante, Yannick Patier (Subaru Impreza STI, N4) se voit récompensé par une belle 8e place finale, faisant la nique à la Citroën DS3 R3 de Stéphane Rogeon. Refermant le Top Dix, Florian Cordillot (Citroën C2 S1600, A6K) a pris la mesure de sa nouvelle monture, et du même coup a engrangé de précieux points en vue de la Finale 2014.

Groupe A: Hégémonie de WRC

Avec un plateau d'une qualité rare pour une épreuve de la Coupe de France, dont 6 WRC et 3 S2000 au départ, la victoire de l'une d'elles était donc fortement envisagée. Le film de la course relatif au classement scratch se décline naturellement au niveau du Groupe A, avec un Beaubelique conquérant de bout en bout, un Faucher aux abois après une crevaison et des ennuis de boite, mais tout de même meilleur performer par rapport à un épatant Thibaudeau. Un classement copie-conforme également au niveau de la Classe A8W.
En A8, le vendredi soir, Yoann Rougier (Subaru Impreza) dictait sa loi aux Mitsubishi Lancer Evo 6 et Evo 9 de Philippe Baffoun et Frédéric Purrey, en proie à des ennuis d'ordre mécanique et qui découvrait sa nouvelle arme ex-Hédon. Ces derniers ayant quitté la scène le lendemain, c'est en solitaire que Rougier rejoint le port de la Rochelle, reléguant la Seat Ibiza Cupra TDI de Frédéric Robinet à des années lumières.
Jean-Luc Roché (Peugeot 207 S2000) fait figure d'unique rescapé en A7S, après l'abandon mécanique de Longépé et la sortie de route de Luc Taveneau, qui étrennait sa nouvelle Peugeot 207 S2000.
Le principal favori de la A7K au tapis d'entrée de jeu, en l'occurrence le Meusien Daniel Forès, sa Peugeot 306 Maxi refusant tout service avant même le départ de l'ES 1, c'est donc Eric Sauteur (Renault Clio 3 RS) qui a mené le bal. Il a cependant vu rouge à l'issue de l'ES 6 avec le retour en force de Loïc Barbier (Opel Astra Kit Car), évoluant sur ses terres. Mais ce dernier sortait pour le compte dans la suivante. En retrait, Philippe Rageau (Renault Clio 3 RS) a assuré de gros points pour la Finale 2014.
En A7, la messe a été vite dite avec une domination implacable du Vendéen Olivier Thomas (Renault Clio Ragnotti), par ailleurs époustouflant au classement général (11e). Une lutte fratricide s'est néanmoins opérée pour l'apanage de la médaille d'argent entre la Renault Clio 16S de Laurent Sivadier et la Renault Clio RS de Cédric Aupetit, qui a finalement pris le dessus dans l'ES 8.
Florian Cordillot, sans réelle surprise, a fait de la A6K son pré carré. Son poursuivant, Mathias De Sousa (Peugeot 206 XS), ayant rejoint la liste des abandons, c'est Yohann Franco, découvrant sa nouvelle Citroën Saxo Kit Car, qui s'adjuge la deuxième marche du podium, transcendant la Citroën Saxo S1600 des deux Cédric, Orillac et Nicolau. Eux aussi s'étalonnaient aux commandes d'une nouvelle monture, mais n'avaient pour unique ambition que de finir et d'apprendre le comportement de la bête.
Le vendredi soir, le Champenois Gérald Marchand (Citroën Saxo VTS) prenait la poudre d'escampette en A6, pour ne plus être rejoint, imposant un rythme effréné à Emmanuel Coignaud (Peugeot 106 S16) et Patrice Martin (Citroën Saxo VTS), lui-même aux prises avec le Nordiste Frédéric Hochedez (Peugeot 106 S16). Auteur d'un temps canon dans l'ES 8 « Pays Savinois », c'est finalement Emmanuel Augé (Citroën Saxo VTS) qui s'immisçait au sein du tiercé gagnant, avant de rendre les armes dans l'ES 9 et 10, de même que son homologue Martin. Le coup de théâtre se produit lors de l'ultime joute, où Coignaud se pose, laissant Frédéric Hochedez et Adrien Primault (Citroën Saxo VTS) compléter le podium.
En A5K, les frères Jérôme et Olivier Favre (Peugeot 106 Kit Car) ont affirmé leur suprématie sur Damien Dam Van Nhinh (Peugeot 106 Kit Car) avant que celui-ci renonce (mécanique dans ES 4).
Poussé dans ses derniers retranchements par Emmanuel Lecuona (Peugeot 205 Rallye), Kévin Bisio (Citroën AX GTI) a toutefois maintenu le cap dans la plus petite cylindrée du Groupe A. Nicolas Chevailler (Toyota Yaris) ne récolte que des miettes après le retrait de Geoffrey Menut (Citroën AX Sport).
Groupe N: Moisson fructueuse pour Michel BOURGEOIS

Le bras de fer opposant Michel Bourgeois à Ugo Girardeau en Groupe N a tenu en haleine les courageux spectateurs venus braver la pluie. Au terme d'un superbe mano-à-mano, Bourgeois conquiert le Graal. A une place inhabituelle le vendredi soir (41e), Patier a entamé une remontée endiablée le samedi pour le gain du podium de Groupe et de Classe N4, enrhumant au passage la Mitsubishi Lancer Evo 8 de Paulo Teixeira. L'abandon de Joffrey Lixon (Mitsubishi Lancer Evo 9), qui aurait pu venir jouer les trouble-fêtes, est néanmoins à déplorer. Sorti dans un fossé dès les premières encablures de l'ES 1, l'Angoumoisin, épaulé pour l'occasion par Damien Augustin dans le baquet de droite, a perdu de précieuses minutes, et s'est vu contraindre à rendre son carnet de bord pour mise hors-course, consécutive à son retard supérieur à 15 minutes.
Dans une Classe N3 fort relevée, Yann Guérineau (Renault Clio RS) annonce la couleur à l'entame des hostilités, avant de jeter l'éponge dans l'ES 5. Xavier Appercé (Renault Clio RS) tient alors la corde, mais seules 6 secondes le séparent de Sébastien Germain (Renault Clio Ragnotti), un écart qui va fondre comme neige au soleil au fil des chronos et que le Poitevin finira par croquer à l'issue de l'ES 8. Sylvain Mahier (Renault Clio Ragnotti) s'octroie quant à lui la médaille de bronze.
Quant à la N2, les débats qui l'ont animé sont comparables à un jeu de chaises musicales. Lancé tout de go à la quête du Graal, Geoffrey Labrousse (Peugeot 106 S16) voit ses espoirs hypothéqués suite à une sortie de route dans l'ES 4, tout comme Emilien Paucot (Citroën Saxo VTS). Thierry Bonavent (Peugeot 106 S16) prend alors le relais, avant de connaître les affres de la mécanique (ES 10). Constant Gamblin (Peugeot 106 S16) s'adjuge donc la palme, suivi par Mathieu Poullain (Citroën Saxo VTS).
A domicile, Thibault Mulon (Peugeot 106 XSI) n'a pas fait de détail en 1300, malgré les assauts du Vosgien Christophe David (Citroën AX GTI). Cyriac Bourillon (Peugeot 205 Rallye) n'a pu rivaliser, tandis que Baptiste Esclaffer (Peugeot 106 Rallye) a rejoint la liste impressionnante des abandons dès l'ES 1.

Groupe F2000: Samuel BEZINAUD, phénoménal !

Navigué par Nicolas Barbier, un nom bien connu dans le milieu du Slalom, le pilote local a prononcé un verdict clair, net et sans bavure. Bien que Cédric De Sousa ait constitué une menace sérieuse jusqu'à son abandon, le premier cité a mené l'orchestre à la baguette. Et que dire de Nicolas Hernandez, 2e de Groupe, en totale osmose avec sa Clio RS ! Aux commandes de sa Peugeot 206 S16, Lionel Jacob effectuait son véritable retour (le Pays Basque s'étant achevé prématurément par la casse d'un cardan sur la ligne de départ de l'ES 1). En montant sur le podium du F2000, le Palois retrouve une spirale bénéfique. Dommage en revanche pour Thierry Boisdron (Renault Mégane Maxi), trahi par la mécanique dans la dernière spéciale.
En F2-13, le brillantissime Kévin Coignard tirait toute la quintessence de sa Peugeot 106 16S le vendredi soir, bluffant ses adversaires et la plupart des pronostiqueurs qui ne l'attendait pas si haut. A ses basques, s'étalonnait le performant Romain Guénec (Citroën C2 VTS). Les prémisses d'un duel à couteaux tirés s'amorçaient dès l'ES 3 où les deux têtes d'affiche n'étaient séparées que par 0s4 à son issue. Hélas, l'un perdait une roue dans la suivante, quand l'autre sortait, et laissaient Frédéric Gobin (Citroën Saxo VTS) coiffer la couronne. Lionel Mesnager (Citroën Saxo VTS) a, quant à lui, monopolisé la place de dauphin ; Romain Longé (Peugeot 206 S16) ayant plongé dans les profondeurs du classement avant d'abdiquer. Freddy Nadeau (Volkswagen Golf GTI) ayant subi le même préjudice la veille alors qu'il était parti le couteau entre les dents (27e temps de l'ES 1), c'est Dany Rossignol (Peugeot 106 16S) qui profite de l'opportunité de monter sur le podium.
En F2-12, Christophe Drouaud (Peugeot 106 S16) bouclait la soirée du vendredi avec 22s1 d'avance sur la Simca Rallye 3 de Laurent Etié. Mais la petite Lionne orange restait sur le carreau lors de l'ES 3, laissant la « mamie » faire figure d'épouvantail. Anthony Rambaud (Peugeot 106 Rallye) out, il laissait Cyril Dorinet (Citroën AX Sport) et David Billonneau (Opel Corsa) se départager les places d'honneurs.
L'objectif de Christophe et Pierre-Christophe Rault (Peugeot 106), esseulés en F2-11, était de rallier l'arrivée. Mission accomplie.
Groupe R: Stéphane ROGEON en virtuose

Sur une DS3 R3 louée à Trajectoire Racing, Stéphane Rogeon a fondu littéralement sur ses rivaux jusqu'à occuper le sommet des tablettes. Les époux Michel et Carol Morin (Mitsubishi Lancer Evo 9) n'ont pu rivaliser après que des ennuis mécaniques les aient faits tutoyer les abysses du classement. De même, Pascal Phélippeau et Romuald Lezeau, tous deux sur Renault Clio R3, effectuaient une belle course avant de se retirer (mécanique). Après avoir visité un fossé, Pierre-Daniel Mièvre (Renault Clio R3), ancien vainqueur du Rallye d'Automne, n'a pu défendre ses chances. C'est donc Eddie Lemaitre (Renault Clio R3) qui emboite le pas à la représentante de la marque aux chevrons, suivi de la Peugeot 207 RC de Gaétan Aquilino.
En R2, Mickaël Lecourt (Citroën C2 R2 Max) glane le scalp, après avoir perdu tous ses camarades de jeu.
En R1, la seule présence de Matthieu Tarif (Renault Twingo RS) a tué tout suspense dans l'œuf.

Groupe GT : BERJOT retrouve le sourire

Au terme d'une saison gâchée par une série d'abandons, Sébastien Berjot (Lotus Exige Cup 255) termine en fanfare par un succès triomphal en GT de Série et Classe GT10. Après l'abandon d'Emmanuel Dumont (Porsche Cayman Cup), il précède Luc Gellusseau (Porsche Cayman Cup), tandis qu'Etienne Chapin (Hommell RS 2) a tenu la corde en GT9.

Coupe des Dames: Aline CHOLLET impériale

Aline Chollet et Pauline Boyer (Renault Clio Ragnotti) ont fait cavalières seules en tête de la Coupe des Dames, taclant la Clio Williams d'Estelle Grenapin et Corinne Groheux.



En parallèle du Rallye dit « moderne », s'est déroulé le « 16e Charente-Maritime Historic » accueillant les Véhicules Historiques de Compétition (V.H.C.). Une voie royale se dressait devant Julien Texier (Porsche 911 SC), notamment après les abandons de ses concurrents constituant la menace la plus sérieuse, à savoir Philippe Ancelin (Talbot Sunbeam Lotus) et Jean-Pierre Levasseur (Porsche 911 3L SC). C'était sans compter sur une crevaison et des ennuis mécaniques, qui ont permis à Claude Cadillon (BMW 320) de se tailler la part du lion devant la Ford Escort RS 2000 d'Alain Marien, et le malheureux Julien Texier.
Au terme des onze spéciales chronométrées, ce sont donc 71 rescapés, sur les 157 autorisés au départ, qui ont regagné l'Esplanade Saint Jean d'Acre. Les yeux sont désormais rivés sur 2014, où La Rochelle accueillera la Finale de la Coupe de France des Rallyes moderne et V.H.C.

Texte et photos : PQ47